Ce site a pour objectif de diffuser un travail autour d’une collection particulière de cartes à jouer. Elle est présentée ici comme un objet documentaire, commentée, illustrée et diffusée de la manière la plus professionnelle possible.
Si la collection remonte à 2009, le premier site a vu le jour vers 2011. Il ne constituait que l’évolution d’un outil de gestion privé, que la mise en ligne rendait simplement plus pratique.
N’étant ni un professionnel de la documentation ni un spécialiste de l’histoire des arts graphiques, mes connaissances sur ces sujets ont progressé lentement, au gré d’une recherche principalement menée sur internet, mais aussi dans quelques musées et dans la littérature spécialisée que je pouvais me procurer.
Aujourd’hui, tirant profit de la réflexion sur la convergence numérique des techniques de documentation, le site est devenu l’objet central du projet. Il concentre ainsi plusieurs préoccupations :
Organiser
Le travail de réflexion sur l’organisation, le classement, la catégorisation de la collection est pour moi aussi important (sinon plus important) que la possession ou la manipulation des objets collectés. Il s’agit de construire une image cohérente, signifiante, et toujours en mouvement de la collection, vue comme petite partie du monde qui implique tout un complexe autour d’elle. L’organisation devrait refléter ces relations.
Ce travail se nourrit de multiples techniques ou savoir-faire : conservation muséographique, catalogage bibliographique, modélisation de bases de données, web sémantique, etc. Il a orienté les choix de l’infrastructure de description de la collection ainsi que la mise en place de règles de catalogage spécifiques.
Exposer
Même si l’objectif de partager ma collection avec le grand public n’a pas été dès le départ une priorité, la conception d’une interface élégante et efficace pour le site a néanmoins été un point important du travail. Là, en l’occurrence, c’est un peu plus mon domaine (je suis designer graphique) et le site a pu constituer pour une part un laboratoire pour ma pratique.
Ainsi la réflexion sur les bases de l’utilisation d’un tel site, le dépassement de l’outil privé spécialisé et l’envie de faire partager une image compréhensible de ma collection continuent à me suggérer des améliorations.
Publier
Publier des informations engage toujours à se confronter aux publications similaires. À cet égard, les évolutions du projet doivent beaucoup à un travail d’évaluation des normes et standards de la documentation sur les cartes à jouer.
En tant que domaine de recherche, la discipline est récente, même si les musées possèdent des cartes dans leurs collections depuis longtemps. Beaucoup a été fait à l’initiative des collectionneurs eux-mêmes. Il y a à prendre partout : autant dans une encyclopédie amateur russe sur le web (World Web Playing Cards Museum, de A. Sukhorukov) que dans les travaux de recherche de l’International Playing Card Society (https://i-p-c-s.org/), la collection et les ouvrages de Sylvia Mann, les initiatives de standardisation de l’International Federation of Library Associations (voir le modèle IFLA-LRM) ou la plateforme de métadonnées de la Bibliothèque Nationale de France (data.bnf.fr), pour ne citer que les plus importantes sources.
Que ce soit pour mettre en application, adapter ou critiquer ces standards, le projet a l’ambition de constituer un laboratoire pratique, modeste mais assidu, sur la question de la publication de données sur les cartes à jouer.
Ce que ce site n’est pas
Tout ce que vous ne trouverez pas en venant ici...
Un lieu d’échange ou une boutique pour collectionneurs
Le site n’a pas pour fonction de valoriser ma collection pour l’échange ou la vente. Par contre, ce qu’il cherche à partager et échanger, ce sont les ressources associées. Je reçois occasionnellement des demandes d’information ou d’images pour certains des jeux exposés. J’y réponds autant que je peux et je suis toujours intéressé par des compléments ou des corrections sur les informations publiées, voire des conseils méthodologiques.
Une encyclopédie, un ouvrage pédagogique
L’ambition professionnelle du projet ne devrait pas faire oublier sa partialité, qui est due autant aux limites de la collection qu’aux moyens que je peux y consacrer. Les informations présentées ne peuvent prétendre en aucun cas à l’exhaustivité. Il y a beaucoup de lacunes et, malgré moi, des imprécisions, que je cherche autant que possible à réparer. Mais c’est un travail sans fin.
De la même façon, on ne trouvera pas sur le site des supports pédagogiques formalisés sur le domaine des cartes à jouer. Quelques explications sont apportées ponctuellement pour aider à faire comprendre les informations présentées, mais pas plus. Si pédagogie il y a, elle serait à chercher dans ce que peuvent nous apprendre les données documentaires (et comment elles nous permettent d’apprendre). Vous pouvez consulter la page présentant mes sources de référence pour avoir d'autres précisions.
Un portefolio
Dans la même idée, ce site ne cherche pas à être un tour de force, à convaincre de la pertinence de certains choix (intellectuels ou techniques) pour vendre un travail que je souhaite entièrement désintéressé.
C’est pourquoi il n’y a pas de copyright sur le site, pas plus que de garantie de bon fonctionnement ou d’exactitude. Il est d’ailleurs loin d’être un modèle d’optimisation.
Les informations descriptives sont librement réutilisables, sur le modèle des données publiques et les images sont disponibles en licence CC-BY. Le code, quant à lui, n’a pas vocation à être partagé.
Un musée
Enfin, même si c’est paradoxal, ce site n’a pas non plus vocation à faire admirer des œuvres.
S’il y a un intérêt à faire sortir de l’anonymat un objet banal comme un jeu de cartes en le mettant au même niveau qu’une œuvre d’art (un certain nombre de musées ont déjà depuis un moment intégré des sections consacrées au design ou aux jeux & jouets), il y en a tout autant à résister à sa fossilisation dans un contexte muséal. C’est là qu’est utile la notion de document[1], qui tourne le dos aux pièges l’esthétique et permet de restituer aux jeux de cartes leur rôle d’objet intégré dans les échanges sociaux.
Pas de vitrine attirante donc, pas de « jeu du mois », ni de section d’actualité recensant les trouvailles (certains sites font cela très bien, voir par exemple The World of Playing Cards). Les cartes sont présentées de manière beaucoup plus « plate », en mettant systématiquement de côté les aspects liés à la valeur de collection (rareté, ancienneté), ou l'originalité du dessin.
Ce que ce site pourrait être
Alors à quoi peut bien prétendre ce site ? À proposer un petit atelier de réflexion autour des cartes à jouer comme documents. Mais dans ce cas des documents non pas extraits de leur contexte, abstraits ou isolés, plutôt remis en action, réintroduits dans d’autres contextes, remis en circulation.
Si vous avez appris quelque chose, réutilisez-le pour faire autre chose.
— Bruno Pellier
[1]Lire sur ce sujet les deux livres de Franck Leibovici : Des documents poétiques (Al Dante/Questions théoriques, coll. « Forbidden beach », 2007) et Des opérations d’écriture qui ne disent pas leur nom (Questions théoriques, coll. « Forbidden beach », 2020).